J’ai rencontré ce matin, devant la haie de mon champ,

Une troupe de marins, d’ouvriers de paysans.

 

La voilà la blanche hermine, vive la mouette et l’ajonc,

La voilà la blanche hermine, vive Fougère et Clissons.

 

« Où allez-vous camarades, avec vos fusils chargés ?

Nous tendons des embuscades, viens rejoindre notre armée »

 

Ma mie dit que c’est folie, d’aller faire la guerre aux Francs,

Moi je dis que c’est folie, d’être enchaînés plus longtemps.

 

Elle aura bien de la peine, pour élever les enfants,

Elle aura bien de la peine, car je m’en vais pour longtemps.

 

J’reviendrai à la nuit noire, tant que la guerre durera,

Comme les femmes en noir, triste et seule elle m’attendra.

 

Mais sans doute pense-t-elle, que je suis en déraison,

De la voir, mon cœur se serre, là-bas, devant la maison.

 

Et si je meurs à la guerre, saura-t-elle me pardonner

D’avoir préféré ma terre à l’amour qu’elle me donnait ?

 

J’ai rencontré ce matin, devant la haie de mon champ,

Une troupe de marins, d’ouvriers de paysans.